CR Assemblée Générale de l'UNION DDEN 76 du 2 octobre 2021 à Montivilliers
RAPPORT MORAL – ASSEMBLEE GENERALE DES DDEN DE SEINE MARITIME
MONTIVILLIERS – 2 OCTOBRE 2021
Chères et chers ami-e-s et collègues,
Nous tenons aujourd’hui l’Assemblée générale de notre Union départementale. Une instance statutaire que nous n’avons pas été en mesure de tenir, en raison de la pandémie liée à la covid 19.
En effet, depuis le confinement inédit du printemps 2020, nous vivons sous un état d'urgence sanitaire avec des périodes de contraintes plus ou moins renforcées : confinement, couvre-feu, attestations dérogatoires de déplacements, mesures de freinage, etc... Une épidémie qui, par vagues successives, persiste avec certains coefficients alarmants : taux d'incidence, nombre de contaminations, d'hospitalisations, d'entrées en réanimation, et, malheureusement, un bilan humain qui dépasse aujourd’hui les 110 000 morts dans notre pays (4.5 millions à l’échelle planétaire) !
Depuis le début de cette année 2021, le seul recours résiderait dans la vaccination massive de la population, pour atteindre une hypothétique immunité collective. Des vaccins qui suscitent encore la méfiance d’une partie de la population, sentiment accru avec l’arrivée de nouveaux variants. Une campagne vaccinale qui ciblait en priorité les personnes les plus âgées ou vulnérables, puis s’est étendue jusqu’à la classe d’âge des 11/17 ans. La communauté scientifique réfléchit à l’efficience vaccinale pour les plus jeunes, les écoliers.
Avec l’instauration, cet été, du pass sanitaire, plusieurs catégories de professionnels sont menacées de ne plus pouvoir conserver leur contrat de travail ! C’est notamment le cas pour les professionnels de santé, les mêmes qui étaient applaudis au printemps 2020 alors qu’ils subissaient les manques de lits, de masques, de traitements. Comme au plus fort de l’épidémie, ce sont de nouveaux reports d’intervention que subissent les patients (non covid), avec le risque de pathologies aggravées.
Dans notre périmètre d’intervention, comment ne pas évoquer la décision inédite de fermeture des écoles sur l’ensemble du territoire de la mi-mars 2020 et le recours à l’enseignement en « distanciel » ? Une période où les parents d’élèves sont devenus, sans préavis, des profs à la maison, sous réserves de disposer du matériel informatique et de liaison internet de qualité. Nous savons que beaucoup de familles déjà frappées par la crise sanitaire ont rencontré de grandes difficultés pour assurer ce rôle « d’enseignant temporaire». Les élèves en ont subi de graves conséquences dans leur apprentissage, et ne bénéficiaient plus de l’accompagnement propre à la présence en classe : le face à face pédagogique, l’émulation entre élèves, le travail en groupe, la camaraderie. Compte tenu de la réouverture progressive des écoles à partir de la mi-mai 2021, dans le respect de protocoles sanitaires successifs, nous pouvons dire que la fin de l’année scolaire n’a pu éviter de nouveaux décrochages d’élèves malgré les efforts de suivi exercés par les professeurs des écoles. Une forme de mise en évidence des inégalités existantes au sein de l’Ecole de la République.
Sur le décrochage scolaire, je vous livre une réflexion de Philippe Meirieu : « Entendre parler de la mort, s’interroger sur le fait de savoir si l’on est vecteur de contagion ou non, voir les personnes se masquer, renoncer à tout ou partie de ses activités sportives ou associatives, de ses relations… Tout cela a fragilisé psychologiquement les enfants et les adolescents, et a eu des conséquences sur leurs apprentissages. »
Depuis 18 mois, nous devons reconnaître que nos missions de DDEN ont été et sont encore entravées. La covid19 a bousculé nos habitudes en nous maintenant éloignés des écoles. La tenue des conseils d’école en visioconférence nous a privés des contacts avec les autres acteurs de la communauté éducative. Le rapport d’activité de 2020 en fait l’illustration et nous sommes encore loin du retour à un fonctionnement normal, ou pour le moins plus visible.
Il s’agit bien aujourd’hui de retrouver et réaffirmer notre rôle au service de l’école.
Il nous faut aussi mesurer l’impact des décisions du ministère de l’Education nationale sur ces deux dernières années, sans oublier les récentes annonces.
Beaucoup de sujets devraient être évoqués et développés dans le cadre de notre AG.
Mise en œuvre de la Loi dite « Pour l’école de la confiance »
Projet de Loi RILHAC sur le statut des directeurs et directrices d’école.
Reconnaissance du métier des enseignants (et revalorisation salariale)
Quid de l’éducation prioritaire suite à l’expérimentation sur 4 académies ?
Quel retour d’expérience sur le dédoublement des classes CP/CE1 en REP et REP+, puis en grande section de maternelle ?
La rentrée 2021/2022 coïncide avec le renouvellement quadriennal de nos mandats de DDEN.
Vous vous en doutez, le contexte de crise sanitaire n’a pas favorisé ces opérations délicates mais indispensable à la poursuite de nos activités. Les difficultés à réunir nos délégations ont été réelles à cause des contraintes de déplacement, des horaires de couvre feu, de l’impossibilité d’accès aux salles de réunion.
Cela me permet d’évoquer l’indispensable travail que nous devons poursuivre pour le recrutement de nouveaux candidat-e-s à la fonction de DDEN. 1 recrue par secteur permet de compenser les démissions (souvent en raison de l’âge ou de la maladie), mais aussi de déménagement, et, malheureusement, de décès dans certains cas. Avec 2 recrues par secteur, nous pourrions envisager une augmentation de nos effectifs et améliorer la couverture de nos écoles. La commission Recrutement mise en place au niveau du CA poursuivra ses travaux pour aider les secteurs en difficultés. Inutile de vous rappeler l’ambition de notre fédération d’avoir 1 école = 1 DDEN. Faisons de cette ambition un objectif atteignable.
Comme les années précédentes, je renouvelle les remerciements de notre fédération et de notre union auprès de celles et ceux qui, parmi les plus anciens d’entre nous, quittent leur fonction. Je sais qu’ils restent attachés à nos valeurs et qu’ils continueront à nous soutenir dans notre fonction.
Déjà à notre AG de 2019, nous évoquions le sujet de la scolarisation des élèves en situation de handicap. De l’ambition de l’école inclusive que nous partageons avec d’autres associations amies comme l’APAJH et les PEP, à la réalité des situations observées dans notre département, le CA de l’Union a décidé d’interpeller notre fédération nationale. Nous proposons, d’en faire un temps d’échange au sein de cette assemblée.
Ce rapport moral serait incomplet si je n’abordais pas un autre volet de notre engagement de DDEN, celui de défenseur et militant de la promotion de la laïcité. Nous devons exercer une vigilance laïque au sein de l’école et de la communauté éducative, et dénoncer les atteintes à ce principe républicain. L’argent public doit être réservé à la sphère publique pour satisfaire l’ambition d’une école de la République gratuite, laïque, inclusive, et garante de l’émancipation des élèves.
Dans la préface du livre « Des délégués cantonaux aux DDEN », de Jean-Marie Gillig, qui vient de paraître, Eddy Khaldi nous dit :
« Les DDEN n’ont que l’ambition de faire reconnaître leur action et rester des serviteurs d’idéal au profit de l’égalité en éducation, du projet collectif de l’Ecole publique et de l’intérêt supérieur de ses élèves. Les missions dévolues à l’Ecole publique laïque, l’éducation à la citoyenneté, l’éveil au sens critique, à la laïcité et la responsabilité de soi, constituent pour nous, DDEN, les valeurs cardinales de l’acte éducatif de transmission des idéaux de Liberté, d’Egalité et de Fraternité »
Il est temps de vous laisser la parole.
Je vous remercie
Philippe BENARD
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